18950225 01 Snow Genf GE

Aus Schweizer Sturmarchiv
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24 au 26 février 1895 - Episode neigeux exceptionnel - Quantités de neige records

il tombe 50 cm de neige à Fribourg et 58 cm de neige à Genève!
La neige tombe en quantité aussi à Lausanne, Montreux, Châtel-Saint-Denis et Aigle.

Près du pont du Mont-Blanc à Genève, on a même pu apercevoir la neige se "poser" sur le lac sans fondre immédiatement, créant un immense "champ de neige" inattendu.

A Glion sur Montreux (700 m) on mesure même 132 cm de neige.
Il a neigé pendant 31 heures consécutives, et cette couche de neige fraîche est venu s'ajouter à l'anciennne, déjà très importante.

Dans le Jorat, on mesure jusqu'à 150 cm de neige au sol (ancienne + nouvelle neige) entre le Chalet-à-Gobet et Montpreveyres.
Dans les Préalpes fribourgeoises, une énorme avalanche sur les flancs de la Dent de Corjon obstrue sur 400 m le cours de la Tine.



Par Benjamin Chaix:

Les 25 et 26 février 1895, la neige tombe en grande quantité sur Genève.
Les photographes en ont fixé le souvenir. La statue du général Dufour disparaît sous cette épaisse couche blanche.
Les aigles des portails de la promenade des Bastions aussi. Toute la ville croule sous la neige.

Celle-ci a commencé à tomber pendant la nuit du dimanche au lundi et ne s’est arrêtée que le mardi 27 février en cours de journée.
Une chute de neige d’une telle durée, ce n’est pas chose courante à Genève, même au XIXe siècle.
La couche mesure 71,5 cm, c’est-à-dire 23,5 cm de plus que la quantité tombée pendant le mois de janvier!
Les inconvénients dus à un tel enneigement sont pratiquement les mêmes en 1895 qu’aujourd’hui.

Il s’agit d’abord de dégager les principales artères au moyen de chasse-neige constitués à cette époque d’un triangle tiré par six chevaux.
Les commerçants sont les premiers à déblayer les abords de leurs boutiques en formant des murs de neige de deux mètres de haut le long des rues.

Des marquises, ces abris en vitres et métal surplombant les terrasses de cafés, cèdent sous le poids, au risque de blesser quelqu’un.
Dangereuses aussi sont les avalanches tombées des toits à cause d’une très légère hausse de température qui suit l’arrêt de la chute de neige.
Des réverbères sont renversés.

D’importants dégâts sont constatés aussi sur les fils qui parcourent déjà la ville en 1895.
Ces ruptures produisent des «télégraphes en détresse et des téléphones affolés», selon la jolie formule d’un journaliste dans le Journal de Genève du 27 février.
«Nous sommes presque revenus au temps lointain où l’hiver bloquait les villes et arrêtait toutes les nouvelles», poursuit-il.

A la campagne, les champs sont blancs depuis le 29 décembre 1894, date de la première neige.
«Voilà 67 jours consécutifs qu’ils n’ont pas quitté leur parure d’hermine», s’enhardit un chroniqueur de la revue bimensuelle L a Patrie suisse parue le 6 mars.
«L’hiver dont nous voudrions être sortis laissera des traces dans les imaginations, comme il a laissé des deuils dans bien des familles.
C’est en effet un des plus rudes et des plus longs dont les vieillards aient gardé le souvenir.
Un vieux de la vieille, auquel nous demandions de chercher dans sa mémoire s’il avait vu dans nos rues de pareils remparts de neige, nous disait qu’il fallait remonter à… 1814 pour trouver pareil spectacle.»
Les deuils sont ceux provoqués par la grippe chez les personnes les plus fragiles. Naguère comme aujourd’hui, Genève enneigée a aussi son charme.
Ses habitants n’y sont pas insensibles. Le soir du lundi 26 février, alors que la neige tombe toujours, des étudiants allument des feux de Bengale dans la promenade des Bastions, c’est féerique.
Au Bourg-de-Four, même embrasement rougeoyant à l’initiative d’un commerçant de la vieille place.

Du côté des transports publics, c’est la gabegie! La neige envahit les rails et fait tomber les câbles, rendant l’exploitation du réseau impossible.
En fonction depuis 1894, le tramway électrique cesse de fonctionner. Les trains connaissent eux aussi des problèmes pendant ces jours de février 1895.
Principalement ceux empruntant la ligne Genève-Lyon, à l’exemple de l’express qui reste bloqué dans la tranchée de Châtelaine le 26 février.

On peut lire: «Beaucoup d’élèves de nos écoles habitant la banlieue n’ont pu se rendre à leurs classes lundi matin, la circulation étant pour ainsi dire impossible sur les routes et sur les chemins de nos environs.»

Une Genevoise tenant journal, Susanne Pictet-Prevost, consacre à cet hiver exceptionnel quelques lignes en forme de bilan: «Le froid a été intense pendant le mois de janvier 1895, le thermomètre est descendu à 17 degrés au-dessous de zéro.
Il y a eu des chutes fréquentes de neige. Le 25 février, chute nouvelle de neige ininterrompue tout le jour, la nuit et la journée du 26. Les rues n’ont aucun chemin frayé (ndlr: apparemment, le triangle ne passait pas partout).
Le gel a commencé le 1er mars, 6 degrés en dessous, le 11 mars la neige recouvre encore la terre. 16 mars, la neige recouvre encore la campagne.» (TDG)

Créé: 16.02.2015, 15h21